dimanche 31 juillet 2011

De Turnu Magurele à Constanţa


Ça y est, nous sommes à Constanţa, voici le récit de notre dernière semaine :

Le lendemain de notre jour de pause (26 juillet), au petit matin, nous nous sommes réveillés avec le vacarme d'un orage assez violent. Juste après le petit déjeuner, il a disparu en laissant le ciel à moitié couvert mais pas menaçant. Sur plus de 20 km, la route était boueuse en particulier dans les villages, rendant la chaussée difficilement praticable pour nos vélos couchés toujours aussi chargés. Je rassure les lectrices et lecteurs, je ne me suis pas tombé ! Dans ces villages, les habitants essayaient de nettoyer leurs portions avec les moyens du bord, c'est-à-dire rudimentaires.
Le matin, les enfants n'étant pas encore levés, la traversée de ces localités interminables se déroule de la même manière : adultes intrigués et surpris nous applaudissent, nous interpellent bruyamment ; automobilistes et camionneurs amusés klaxonnent parfois avec insistance, ralentissent pour mieux scruter nos vélos. Beaucoup de chiens nous courent après en aboyant ou contraire s'enfuient.
Lorsque les enfants apparaissent au bord de la route, les choses deviennent à la fois plus sympathiques et aussi plus compliquées. Sympathiques car, très vivants et joyeux, ils nous saluent en anglais, en portugais (effets des séries télévisées brésiliennes ?), en espagnol, en roumain évidemment, rarement en français et encore en d'autres langues dont nous n'avons pas pu identifier les origines. Cela devient plus compliqué et dangereux lorsqu'ils s'alignent sur le bord de la route pour nous taper dans la main, risquant de nous déséquilibrer.
Après plus de 120 km parcourus sur une route un plus fréquentée que les jours précédents, nous avons trouvé un motel convenable à Giurgiu.

Toujours pour des raisons de logement, l'étape du mercredi 27 a été au contraire assez courte (75 km). Giurgiu se situe sur l'axe Sophia-Budapest reliant les deux capitales en passant par l'unique pont existant sur le Danube entre la Bulgarie et la Roumanie. Les conséquences sont inévitables : la circulation en tout genre y est dense : la sortie de la ville a été difficile et angoissante sur une route à forte circulation pendant 15 km, route à quatre voies et, qui plus est, dépourvue de piste cyclable et de bande d'arrêt d'urgence. Par la suite, la route est devenue plus calme, traversant une suite ininterrompue de localités. En début de l'après midi, en arrivant à Oltenita, nous avons reçu un très bon accueil à la pension Azaro où nous sommes restés, sinon il aurait fallu faire encore plus de 80 km pour trouver un logement. Inutile de chercher des campings qui n’existent pas, même quand ils sont signalés sur les cartes ou dans les guides !

L'étape du jeudi 28 nous rapprochait de plus en plus de notre destination finale. Nous avons visé la ville de Silistra en Bulgarie. Nous y sommes arrivés en début de l'après-midi sans encombre en traversant notamment le Danube par un bac que nous avions déjà pris avec Maryvonne il y a 19 ans ! Les douaniers et la police des frontières nous ont conseillé l'hotel le plus chic de ville (5 étoiles) ! Nous avons passé la nuit dans un autre hôtel, très récent et impeccable pour un prix moitié moins élevé que ceux pratiqués en Roumanie. L'arrivée dans l'après-midi nous a permis de visiter la ville, de retourner voir le Danube et de déguster la cuisine bulgare qui ressemble beaucoup à celle des serbes. Le seul problème que nous avons rencontré a été la difficulté de consommer sur place sans monnaie locale (leva).

Vendredi matin nous avons quitté Silistra, retraversé la frontière, les mêmes douaniers nous ont demandé si nous étions contents de notre très court séjour dans leur pays. Nous avons tout suite attaqué une petite pente pavée, sur la rive droite du Fleuve. D'après les guides, cette partie de l'itinéraire est un des plus accidentés de l'EV6. Étant donné que nous avions encore près de 140 km à faire et vu les difficultés du terrain, nous avons visé la ville de Ion Corvin, à 60 km de notre départ, où, d'après un cycliste américain que nous avions croisé à la pension Azaro d'Oltenita, il y avait une pension correcte. Exténués par quelques côtes à plus de 11 % sur des pentes pavées, nous y sommes arrivés en début d'après-midi sous une chaleur accablante. Nous avons trouvé les prix pratiqués chers au vu des services proposés par cette pension. Nous avons malgré tout décidé de rester sur place tant en raison de la distance à parcourir jusqu'à Constanta, des difficultés annoncées et surtout à cause d'un ciel menaçant qui a bientôt commencé à déverser une bonne quantité d'eau. Durant cette avant-dernière étape, il nous est arrivé un incident qui aurait pu avoir des conséquences dramatiques. En traversant la localité de Negureni qui se trouve sur une descente assez rapide près de Ion Corvin (Yves était déjà devant, Maryvonne me suivait de près et Roselyne une centaine de mètres plus haut), on avait l'impression de loin que deux adolescents, torse nu, se chamaillaient. Nous nous sommes tout de suite rendus compte que c'était une vraie bagarre très violente entre deux jeunes. Au moment où je suis arrivé à leur niveau, le jeune homme qui était le plus touché (corps ensanglanté) a laissé tomber son adversaire et il a marché sur moi. J'ai appuyé sur les pédales de toutes mes forces, réussissant à m'échapper, et je me suis arrêté une dizaine de mètres plus loin pour descendre de mon vélo. C'est là que je me suis rendu compte que cet énergumène avait arraché mon fanion et il s'en servait pour attaquer Roselyne à qui j'ai crié de foncer, ce qu'elle a fait, s'en sortant sans une égratignure ! Maryvonne en me doublant m'a calmé et m'a conseillé de ne pas aller rechercher mon fanion. Et tous les trois nous avons pédalé très fort (heureusement que c'était une descente) avant de nous arrêter un km plus loin pour nous remettre de nos émotions. Quelques minutes plus tard, une voiture s'est arrêtée à notre niveau et un autochtone en est descendu pour me remettre mon fanion, tâchant de nous expliquer qu'il était désolé de ce qui s'était passé et s'excusant pour le déséquilibré responsable de l'incident, « he's crazy » disait-il faisant le geste adéquat. Après tout, ce n'est qu'un épi-phénomène. Cela aurait pu se produire n'importe où ailleurs.

Le samedi 30 juillet : c'est le dernier jour de notre périple de l'EV6 ! Nous avons quitté la pension assez tôt (6h30) pour affronter les nombreuses côtes annoncées par nos documents en profitant de la fraicheur matinale. Est-ce parce que c'était la fin du voyage ou parce que nos muscles étaient bien endurcis, en tout cas, cette étape ne nous a pas paru difficile et nous sommes arrivés à Constanţa au début de l'après-midi. Nous étions heureux et satisfaits de notre voyage et de notre « exploit ».

Nous allons sélectionner ensemble les photos de la dernière étape et les publier dans les jours à venir. Avec le recul nécessaire pour objectiver, nous allons créer aussi un chapitre sur les points pratiques, sur nos coups de cœur et nos coups de « gueule ».

A très bientôt,
Servet et Roselyne

Bilan de la semaine
Distance parcourue : 416 km ;
Ascension totale : 1937 mètres
Temps réel parcouru : environs 24h40, soit plus de 16,3 km/ toujours avec nos avec nos « bardas »

lundi 25 juillet 2011

Compte-rendu de la semaine de Belgrade à Turnu Magurele (Roumanie)























Avant d'arriver à Belgrade, nous avons appris que la famille Hilbert qui s'était arrêtée temporairement en Hongrie avec l'intention de nous rejoindre à Belgrade en train, a dû finalement renoncer à poursuivre le voyage. En effet, Hugo, convalescent, sera rapatrié avec sa mère tandis que son frère et son père rentreront à Colmar à vélo par l'EV6. C'est une grande déception pour eux surtout, et pour nous aussi qui ne sommes plus que quatre.

Le jour de pause (lundi 18) à Belgrade nous a permis de faire une grasse matinée, des petits réglages sur nos vélos et dans l'après-midi de visiter le centre ville fort intéressant de la capitale Serbe. Nous nous sommes promenés dans les rues piétonnes, avons visité la citadelle au milieu d'un vaste parc (Kalemegdan) qui domine le confluent du Danube et de la rivière Sava. A part les entrées et sorties de ville, Belgrade est bien dotée en pistes cyclables, en particulier à travers ses nombreux parcs. D'ailleurs, nous les avons appréciées le lendemain matin pour quitter la ville. La présence ottomane (turque) est perceptible à travers les vestiges (en particulier la forteresse), la cuisine et quelques mots captés ici et là.

Les témoignages des cyclistes de l'EV6 sont quasi-unanimes : il est conseillé de prendre un train pour traverser et sortir de la capitale Serbe. Malgré tout, le mardi 19 juillet au matin, nous avons traversé la ville sur nos vélos toujours aussi chargés. Ce fut dur, très très dur, tant pour pénétrer par l'ouest dans le centre ville que pour en sortir par le nord, malgré la gentillesse et l'attention portée par les usagers motorisés à notre égard. Probablement, notre moyen de transport et aussi la forme de nos deux vélos couchés nous rendaient à la fois courageux et sympathiques aux yeux des autochtones. Ce jour-là, vu le nombre de dénivelés et de détours sur la rive droite du Danube et l'état et la longueur des digues de la rive gauche, nous avons opté pour une route très fréquentée qui nous a fait gagner beaucoup de temps, en passant par le nord. En effet, arrivés à Pančevo par une voie rapide qui dispose heureusement d'un couloir de bus, nous avons pris le raccourci par Bavanište jusqu'à Kovin, en suivant notamment les conseils d'une famille rencontrée à la sortie de Pančevo. Il s'agissait d'un couple de personnes âgées qui ont eu l'extrême gentillesse de nous offrir chez eux du café et une grande bouteille d'eau aromatisée d'un sirop maison. Ce jour-là, il a fait extrêmement chaud et nous avons souffert jusqu'au soir en traversant les localités de Gaj, Dubovac, Vračev Gaj,sur la route classée EV6, relativement calme et en bon état. Le soir, en arrivant à Bela Ckrva, après un record de 115km, nous avons pris une chambre chez l'habitant, ce qui nous a permis de nous reposer dans d'excellentes conditions.

Le lendemain matin (mercredi 20 juillet) nous avons changé de pays en traversant les deux postes frontières. Pour poursuivre notre route en Roumanie nous avions deux possibilités : l'une, un raccourci pentu (8 % sur plusieurs km) sur une mauvaise piste, avec quelques points de vue à ne pas rater, et l'autre, un contournement de 40 km, a priori sans trop de difficultés vivement conseillé par les douaniers et autres frontaliers. En réalité, la prétendue piste difficile était une route en très bon état (choisie par Yves) alors que la route « facile » (choisie par nous trois) s'est avérée vallonnée, mauvaise et longue. Un conseil, prenez lecteurs et lectrices, le raccourci quoiqu'en disent les autochtones !
La traversée des premiers villages Roumains sur cette variante montre l'extrême pauvreté des habitants dans les campagnes. Quel choc après la Croatie et la Serbie ! A Pojejena, ville de convergence des deux variantes, le Danube s'élargit et forme un grand lac avant de pénétrer quelques dizaines de km plus loin, à Coronini, dans les Portes de Fer qui donnent au fleuve l'aspect d'un fjord, même si les parois dépassent rarement les 200 ou 250 mètres de haut. En apercevant la circulation sur la rive serbe très accidentée en face, nous sommes contents d'avoir choisi le côté roumain, mais nous comprenons rapidement qu'il n'y a pas du tout d'infrastructure pour nous loger. Après avoir fait des allers/retours entre deux ou trois localités, nous avons finalement été hébergés par une famille d'origine roumaine et allemande (voir nos coups de cœur un peu plus loin) à Port Sichevita (Pensiunea Caunita). Merci Otto ! Nous avons, à partir de ce jour, commencé à organiser nos étapes en Roumanie en fonction des conditions d'hébergement.

Le lendemain (jeudi 21 juillet), jusqu'à Orşova, nous avons apprécié l'extrême diversité des beaux paysages des deux côtés du majestueux Danube, qui a certainement mis des centaines de millions d'années à se frayer un chemin à travers la faille de ces montagnes peu élevées. Entre Orşova et le barrage hydraulique des Portes de fer, nous avons dû prendre l'unique route très fréquentée par les poids lourds et les automobilistes. Nous nous sentons bien vulnérables, pauvres minuscules cyclistes que nous sommes au milieu de cette circulation infernale. Exténués par la fatigue et par le stress, nous avons pris sans aucune hésitation le premier hôtel venu, le très chic Hôtel Continental situé à Gura Văii, à proximité de ce barrage où les Portes de fer prennent fin.

Le 22 juillet, vu la rareté des hôtels, ne parlons pas des campings quasi-inexistants, nous avons dû prendre encore un raccourci pour aller jusqu'à Calafat où selon notre guide et nos cartes il y avait des hôtels. Après m'être payé la quatrième gamelle du voyage en traversant une voie ferrée quasi-parallèle à la route (on ne sait même pas à quoi elle sert!), nous avons traversé Drobeta-Turnu-Severin puis nous nous sommes engagés sur une route à moyenne circulation, fraichement refaite pour arriver à Calafat à plus de 110 km de notre point de départ. Bel hôtel un peu désuet, le Panoramic.

Le 23 juillet, depuis Calafat nous avons roulé plus de 85 km pour arriver à un camping en traversant des villages successifs dont un certain nombre d'entre eux s'étirent parfois sur les deux côtés de la route (55A) sur plusieurs km. Visiblement cette route n'est pas très fréquentée par les cyclistes de l'EV6, car les villageois sont très étonnés de nous voir traverser leurs localités. Les sentiments sont divers et variés, des cris, des hurlements, des coups klaxons lassants, voire fatigants, les enfants nous accompagnent sur leurs vélos très déglingués sans freins, les voitures ralentissent pour mieux scruter vos engins, ils nous parlent en roumain, ils nous demandent en anglais d'où nous venons : « where are you from ? » et ce tout au long du parcours qui traverse les localités regroupées (rares) ou étirées. Nous sommes très déçus du camping que nous avons pris en fin de journée à proximité de Zăval où nous avons pris des baraques car la météo annonçait de la pluie. On nous avait prévenus, ce n'est pas une étape recommandable : il est cher, l'état des sanitaires est innommable, les rares plats et boissons proposés coûtent plus cher que ceux que nous avons consommés dans les hôtels chics de Roumanie. Mais c'est une étape obligée si l'on veut pas faire plus de 160 km dans la journée et probablement le patron du camping en est bien conscient !

Avant notre deuxième pause hebdomadaire, nous sommes partis tôt dans la matinée de ce camping à oublier rapidement en roulant sur une route pratiquement plate (230 mètres de dénivelé positif seulement) pour arriver, aux alentours de 16h30, à Turnu Măgurele. Nous avons finalement commencé à nous habituer à ces nombreuses localités qui s'étirent tout au long de la route avec la même population profondément rurale où nous croisons d'innombrables charrettes et carrioles (immatriculées!) et des piétons qui nous saluent, éberlués à notre vue, étonnés de voir de drôles de cyclistes traverser leurs « comunas ». A Turnu, ville relativement importante, vous n'avez pas le choix en matière d'hébergement : il n'existe qu'un seul hôtel nommé « Turris », derrière la Cathédrale orthodoxe, un peu cher mais accueillant, très confortable et équipé du réseau Internet ! Vous l'avez bien compris, nous sommes aujourd'hui en mode veille, ce qui tombe à point nommé, car il a plus toute la matinée, et que la météo annonce le retour du soleil avec des passages nuageux pour les jours à venir  !

Nota bene :
Ne vous inquiétez pas des nombreuses « gamelles » de Servet. Elles se produisent généralement quasiment à l'arrêt et leurs conséquences ne vont guère au-delà de quelques bleus et égratignures qui disparaissent assez vite.

Distance parcourue : 616 km ;
Altitude positive : 2382 mètres
Temps réel parcouru : environ 38 heures, soit plus de 16 km/h avec nos « bardas »

jeudi 21 juillet 2011

De Belgrade à Gura Văii

Chers ami(e)s

Depuis Belgrade, en trois jours, nous avons parcouru plus de 325 km.

Le temps (plus clément) et le vent (de dos -quel plaisir !) étaient avec nous.

Nous sommes en Roumanie depuis deux jours. Nous avons beaucoup apprécié le passage dans les Portes de Fer.

Un compte-rendu plus complet et de nouvelles photos dans les jours à venir (en fonction des bornes de Wifi accessibles)

A très bientôt

lundi 18 juillet 2011

De Budapest à Belgrade (Saison II)








Après une journée de pause pour monter et vérifier nos vélos, et faire une visite éclair de Budapest, nous avons laissé dernière nous le camping Zugligetti Niche, chargés comme des mules et c'est à 8 que nous sommes descendus dans les rues encombrées de Budapest, même s'il faut reconnaître que les pistes cyclables nous ont un peu facilité la traversée. Malgré tout, il nous a fallu du temps pour sortir de l'agglomération. Nous avons roulé assez longtemps sur l'île de Csepel-Sziget (très urbanisée), avons pique-niqué au bord d'un des bras du Danube (Ráckevei Duna) et même dormi dans un camping flambant neuf (l'asphalte des allées venait d'être coulé le jour même!), annexe d'un complexe de station thermale à Ráckeve.

Le lendemain (mardi 12 juillet), en suivant une variante de la piste EV6, très cabossée mais amusante sur un vélo tout suspendu, je me suis pris ma première véritable «gamelle». Il faut dire que le vélo fait 21 kg, les bagages certainement 30 kg et je ne dis pas le poids de son pilote (qui vaut son pesant d'or). Je m'en suis sorti avec un bel hématome sur le rein gauche (lors de la chute je me suis heurté violemment à la manette de changement de vitesse). Et hélas, ce ne sera pas la dernière chute! L'état des pistes est inégal: on tombe alternativement sur de la belle piste très récente, puis sur une route calme mais partagée avec les automobilistes, avant d'arriver sur une piste en terre ou en gravier ou encore stabilisée. Dans la soirée nous avons dû quitter la piste à proximité de Dunapataj pour aller chercher un camping familial modeste au bord d'un lac de réserve naturelle et d'une route (très fréquentée même la nuit !) à Szelidipópart. Il a fait particulièrement chaud (38 degrés à l'ombre) durant la journée mais le fait de rouler sur les digues, à travers les forêts, les allées ombragées, nous a fait bénéficier d'un peu d'ombrage et de vent.

Le troisième jour nous avons regagné la piste de l'EV6 vers 9h30. Après 20 km de route entre Dunapataj et Foktö, la piste suivait une digue où nos vélos très chargés s'enfonçaient dans le sable. Dans l'impossibilité de rouler dans ces sillons profonds, nous étions souvent obligés de rouler sur les parties herbeuses latérales, en avançant péniblement. Dans le village de Fajsz, après la pause de midi sur la place centrale, le groupe s'est scindé en deux: l'un a continué à suivre la piste sablonneuse, tandis que l'autre (les Ertul et Maryvonne) préférait une route très fréquentée. Le soir nous nous sommes rejoints en même temps dans l'unique camping de Baja (prononcez Bailla) situé sur une île entre les nombreux bras du Danube le majestueux. Même si nous ne l'avons pas visitée, cette petite ville nous a paru très sympathique.

A cause de la chaleur caniculaire annoncée, le 14 juillet nous avons décidé de partir de bonne heure et de rouler avec la fraicheur matinale, la famille Hilbert préférant prendre son temps, partir un peu plus tard et nous rattraper sur la route. Mais au petit matin nous avons vu les allées et venues du jeune Hugo entre les sanitaires et sa tente et avons compris qu'il avait des problèmes intestinaux. Nous leur avons donné rendez-vous dans un camping à Mohács (rive gauche) à 34 km seulement de Baja. Les nouvelles n'étant pas bonnes, nous avons décidé de faire une pose dans ce camping modeste pratiquement délabré mais dans un cadre magnifique et tenu par un couple extrêmement accueillant et sympathique. Dans la soirée nous avons appris que Hugo était hospitalisé jusqu'au lundi 18 juillet.

Le vendredi le 15 juillet, nous étions quatre à quitter le camping vers 6 heures, tristes en l'absence de la famille Hilbert. Nous avons pris le bac pour traverser le Danube et nous sommes arrivés au petit matin à la frontière Croatie à 14 km de Mohács. La route partagée avec les automobilistes était calme et plate pendant une dizaine de km encore jusqu'à ce que l'on rencontre les premières côtes à 8 % au minimum. Nous avons ainsi été cueillis à froid, obligés de pousser nos vélos pendant une centaine de mètres. Après Batina nous n'avons pas rencontré de difficultés et sommes arrivés vers midi à la ville d'Osijek. En roulant sur un trottoir en travaux, je me suis pris une deuxième «gamelle» monumentale qui m'a bien sonné. Nous avons pris notre temps et pique-niqué sur le bord de la Drava qui alimente ici le Danube. La Télé locale RTL a fait un petit reportage avec Roselyne (en anglais). A 24 km d'Osijek à Dalj, nous avons trouvé des chambres chez l'habitant (chez Slaven Bákic, policier de métier): bon accueil, chambres propres et maison au bord de notre Fleuve.

Le samedi matin (16 juillet) les bonnes conditions d'hébergement chez l'habitant et le fait de ne pas camper nous ont permis de partir encore tôt le matin et d'observer avec colère et tristesse les stigmates de la guerre entre Serbie et Croatie en traversant la ville martyre de Vukovar. La route assez roulante, partagée avec les autres usagers, devenait de plus en plus accidentée, les localités étant situées sur le bord du Danube (altitude 85 mètres) et la route sur le plateau à 120 à 150 mères. Cela nous a obligé à descendre de nos montures et à pousser à plusieurs reprises. Après la traversée de la frontière entre la Croatie (Ilok) et la Serbie (Neštin), exténués, nous sommes arrivés à Petrovaradin, près de Novi Sad vers 19h et avons pris un hôtel où nous avons reçu un accueil digne de ce nom. Le soir nous avons appris qu'il fallait rapatrier Hugo par avion, pour une convalescence en France.

Encore une fois, nous sommes partis le dimanche matin tôt pour avancer vers Belgrade en suivant une route très vallonnée. En voulant éviter une côte très raide annoncée sur la carte après Sremski Karlovci, nous avons emprunté une piste chaotique le long d'une voie ferrée jusqu'à une petite localité nommée Čaranovci, avis aux amateurs ! A part une côte assez raide, nous n'avons pas eu de difficulté majeure jusqu'aux abords de Belgrade. A Novi Banovci, pour éviter une route très fréquentée, nous avons choisi la piste en terre, cabossée et bordée de détritus par endroits.C'est là que je me suis pris ma troisième grosse « gamelle » ! Nous avons mis un certain temps pour finir cette partie chaotique de la piste et nous sommes arrivés vers 17 h à l'unique camping situé à Zemur, banlieue de Belgrade. L'accueil a été plutôt « bougon » et le camping peu avenant mais étant donné qu'il nous fallait faire une pause hebdomadaire, nous avons décidé de nous y installer malgré les sanitaires à peine utilisables et le nombre de chiens sur le terrain.

Préparatifs






Prise en main de nos vélos couchés à deux roues.
Pour reprendre notre périple sur l'EuroVélo 6, comme prévu, nous avons d'abord vendu nos tricyles sans trop de problèmes et acheté deux Nazca Paseo livrés début mars par Joël (Cycle JV du Mans) via Cycle Zen d'Angers. La période d'apprentissage a duré jusqu'au mois de Juin.
Les premiers coups de pédales ont été assez durs, beaucoup de chutes au démarrage et à l'arrêt , et dans les montées à vitesse lente. Finalement, on ne sait pas comment ni par quel miracle mais on pédalait et ça avançait. Au bout de quelque temps, nous pouvions nous arrêter sans problème mais bonjour les démarrages, surtout pour moi. J'avais gardé les pédales automatiques SpeedPlay Frogg de mon Catrike Speed, et, une fois initié au 2 roues, j'ai voulu les tester mais je n'ai jamais pu m'y habituer . J'avais surtout l'appréhension de ne pas débloquer mes pieds à l'occasion d'arrêts inopinés et surtout en plein milieu d'une côte. Et quelques sorties d'entrainement dans la Sarthe m'ont sérieusement découragé. J'ai pourtant insisté durant notre périple des vacances de printemps sur les chemins de l'EuroVélo1 (côte atlantique).
Malgré son poids élevé (21 kg) le Nazca Paseo est un engin très plaisant à conduire. Il a une suspension arrière ajustable pour la roue arrière de 26 pouces et un amortisseur avant sur la roue avant de 20 pouces de type Meks très efficace sur les routes à revêtement imparfait et sur les chemins de tous types. En plus des équipements de série, nous les avons fait équiper de freins à disque BB7 (voir à l'adresse suivante les points techniques : http://www.nazca-ligfietsen.nl/fr/list/models/item/25/).

Sur les chemins de l'EuroVélo1 :
Pour nous entrainer dans des conditions de semi-autonomie, nous avons programmé un voyage sur la côte Atlantique. Nous sommes partis le 23 juin du Mans en train jusqu'aux Sables d'Olonne via Nantes en TER. Nous n'avons pas eu de problèmes pour suspendre nos vélos chargés sur les crochets prévus dans le wagon destiné aux cyclistes.
Le 24 avril au matin, nous sommes partis des Sables en compagnie d'une amie, en empruntant les pistes cyclables du littoral, soit assez intelligemment partagées avec les automobilistes, soit bien aménagées pour les seuls cyclistes. En Vendée, nous avons été obligés de prendre un tronçon de route une seule fois, mais il était très fréquentée même en cette période de début de printemps, entre la Faute sur Mer et Saint-Michel en l'Herm et à nouveau une dizaine de km après sa sortie en direction de la Charente Maritime, et ce jusqu'à ce que l'on retrouve une piste cyclable. Ce premier jour, nous avons roulé près d'une centaine de km et nous sommes arrêtés à Esnandes où le camping, à cause des dégâts de la tempête Xinthia n'était pas encore ouvert. Les deux habitants offrant des chambres d’hôtes affichaient complet. La propriétaire de la deuxième maison (Catherine, seule à offrir les chambres d'hôtes dans un moulin a eu l'extrême gentillesse de nous proposer son jardin pour monter nos tentes, avis aux amateurs qui chercheraient une bonne adresse (mettre une photo ici).
Le lendemain (lundi) matin nous avons trainé les pieds puis, vers 11h en n'empruntant pratiquement que des pistes cyclables, nous sommes arrivés à la Rochelle qui portait encore quelques traces de cette fameuse tempête. Toujours par la piste, nous sommes arrivés dans la soirée au portes de Rochefort (Vergeroux) où nous avons trouvé un camping tout près de l'autoroute, au bout de seulement soixante km ce jour-là. Le bruit des voitures ne nous a pas empêché de dormir profondément.

Le mardi matin après la traversée de Rochefort, nous avons emprunté le pont transbordeur (mettre une photo ici) pour traverser la Charente, ce qui nous a évité de prendre le grand pont au lourd trafic automobile. Un peu plus loin, il a fallu pourtant emprunter le pont qui enjambe la Seudre et c'est en montant que nous avons croisé un « vélorizontaliste » que j'ai à peine salué sans m'arrêter, de peur de ne pas redémarrer en pleine côte. Avant d'arriver à Royan nous avons pris une piste considérée sur le plan local comme difficile car très vallonnée. L'approche de la ville par la côte atlantique est assez délicate, notamment en raison d'une circulation assez dense. Nous avons pris le bateau de 17 heures (un départ toutes les heures, et traversée d'une demi-heure). De l'autre côté de l'estuaire de la Gironde, nous avons trouvé un camping immense à Soulac (surtout beaucoup de mobilhomes, … et de moustiques !). Ce jour-là, nous avons parcouru 89 km.

Le mercredi, en quittant Soulac, nous avons voulu prendre une piste cyclable très étroite (à peine 50 cm de largeur!) dans la forêt et nous avons vite fait demi tour après de nombreuses sorties de pistes inopinées. Nous avons finalement préféré les routes secondaires très calmes durant cette période de l'année. Avant d'arriver à Lège Cap Ferret, nous nous sommes régalés sur des pistes aménagées sur l'ancienne voie ferrée.

Nous avons roulé encore deux jours en passant par Mimizan et nous sommes arrêtés à St Vincent de Tyrosse où nous avons repris le TER avec changements de gare à Bordeaux et La Roche sur Yon.

Ce voyage d'apprentissage de nos vélos couchés nous a permis d'effectuer plus de 550 km en six jours dans des conditions climatiques et de logement idéales, sur des pistes cyclables ou des petites routes calmes.

samedi 16 juillet 2011

Quelques rapides nouvelles


Bonjour à toutes et tous,

Nous sommes actuellement tout près de Novi Sad à Petrovaradin à l'Hôtel Saint-George.

Il est difficile de trouver une borne Wifi surtout avec le rythme que nous nous sommes imposés.

Nous prendrons le temps de faire des compte-rendus journaliers de la semaine écoulée le jour de notre repos hebdomadaire dans deux jours.

Nous ne sommes plus que quatre car le jeune Hugo a eu des problèmes intestinaux et la famille Hilbert à du renoncer à poursuivre au voyage (provisoirement espérons-le).

A très bientôt

Nb ; il fait très très chaud !

dimanche 10 juillet 2011

Retour à Budapest



Après un voyage sans encombres jusqu'à Budapest, nous nous sommes installés hier soir au camping Zugligeti « niche » où la famille Hilbert nous avais précédés. Aujourd'hui la matinée a été consacrée au remontage des vélos qui avaient voyagé démontés dans des housses.

Cet après-midi, nous nous sommes promenés avec plaisir dans la ville de Budapest mais il a fait une chaleur caniculaire.

Espérons qu'il fera moins chaud dans les jours à venir !
A bientôt