lundi 25 juillet 2011

Compte-rendu de la semaine de Belgrade à Turnu Magurele (Roumanie)























Avant d'arriver à Belgrade, nous avons appris que la famille Hilbert qui s'était arrêtée temporairement en Hongrie avec l'intention de nous rejoindre à Belgrade en train, a dû finalement renoncer à poursuivre le voyage. En effet, Hugo, convalescent, sera rapatrié avec sa mère tandis que son frère et son père rentreront à Colmar à vélo par l'EV6. C'est une grande déception pour eux surtout, et pour nous aussi qui ne sommes plus que quatre.

Le jour de pause (lundi 18) à Belgrade nous a permis de faire une grasse matinée, des petits réglages sur nos vélos et dans l'après-midi de visiter le centre ville fort intéressant de la capitale Serbe. Nous nous sommes promenés dans les rues piétonnes, avons visité la citadelle au milieu d'un vaste parc (Kalemegdan) qui domine le confluent du Danube et de la rivière Sava. A part les entrées et sorties de ville, Belgrade est bien dotée en pistes cyclables, en particulier à travers ses nombreux parcs. D'ailleurs, nous les avons appréciées le lendemain matin pour quitter la ville. La présence ottomane (turque) est perceptible à travers les vestiges (en particulier la forteresse), la cuisine et quelques mots captés ici et là.

Les témoignages des cyclistes de l'EV6 sont quasi-unanimes : il est conseillé de prendre un train pour traverser et sortir de la capitale Serbe. Malgré tout, le mardi 19 juillet au matin, nous avons traversé la ville sur nos vélos toujours aussi chargés. Ce fut dur, très très dur, tant pour pénétrer par l'ouest dans le centre ville que pour en sortir par le nord, malgré la gentillesse et l'attention portée par les usagers motorisés à notre égard. Probablement, notre moyen de transport et aussi la forme de nos deux vélos couchés nous rendaient à la fois courageux et sympathiques aux yeux des autochtones. Ce jour-là, vu le nombre de dénivelés et de détours sur la rive droite du Danube et l'état et la longueur des digues de la rive gauche, nous avons opté pour une route très fréquentée qui nous a fait gagner beaucoup de temps, en passant par le nord. En effet, arrivés à Pančevo par une voie rapide qui dispose heureusement d'un couloir de bus, nous avons pris le raccourci par Bavanište jusqu'à Kovin, en suivant notamment les conseils d'une famille rencontrée à la sortie de Pančevo. Il s'agissait d'un couple de personnes âgées qui ont eu l'extrême gentillesse de nous offrir chez eux du café et une grande bouteille d'eau aromatisée d'un sirop maison. Ce jour-là, il a fait extrêmement chaud et nous avons souffert jusqu'au soir en traversant les localités de Gaj, Dubovac, Vračev Gaj,sur la route classée EV6, relativement calme et en bon état. Le soir, en arrivant à Bela Ckrva, après un record de 115km, nous avons pris une chambre chez l'habitant, ce qui nous a permis de nous reposer dans d'excellentes conditions.

Le lendemain matin (mercredi 20 juillet) nous avons changé de pays en traversant les deux postes frontières. Pour poursuivre notre route en Roumanie nous avions deux possibilités : l'une, un raccourci pentu (8 % sur plusieurs km) sur une mauvaise piste, avec quelques points de vue à ne pas rater, et l'autre, un contournement de 40 km, a priori sans trop de difficultés vivement conseillé par les douaniers et autres frontaliers. En réalité, la prétendue piste difficile était une route en très bon état (choisie par Yves) alors que la route « facile » (choisie par nous trois) s'est avérée vallonnée, mauvaise et longue. Un conseil, prenez lecteurs et lectrices, le raccourci quoiqu'en disent les autochtones !
La traversée des premiers villages Roumains sur cette variante montre l'extrême pauvreté des habitants dans les campagnes. Quel choc après la Croatie et la Serbie ! A Pojejena, ville de convergence des deux variantes, le Danube s'élargit et forme un grand lac avant de pénétrer quelques dizaines de km plus loin, à Coronini, dans les Portes de Fer qui donnent au fleuve l'aspect d'un fjord, même si les parois dépassent rarement les 200 ou 250 mètres de haut. En apercevant la circulation sur la rive serbe très accidentée en face, nous sommes contents d'avoir choisi le côté roumain, mais nous comprenons rapidement qu'il n'y a pas du tout d'infrastructure pour nous loger. Après avoir fait des allers/retours entre deux ou trois localités, nous avons finalement été hébergés par une famille d'origine roumaine et allemande (voir nos coups de cœur un peu plus loin) à Port Sichevita (Pensiunea Caunita). Merci Otto ! Nous avons, à partir de ce jour, commencé à organiser nos étapes en Roumanie en fonction des conditions d'hébergement.

Le lendemain (jeudi 21 juillet), jusqu'à Orşova, nous avons apprécié l'extrême diversité des beaux paysages des deux côtés du majestueux Danube, qui a certainement mis des centaines de millions d'années à se frayer un chemin à travers la faille de ces montagnes peu élevées. Entre Orşova et le barrage hydraulique des Portes de fer, nous avons dû prendre l'unique route très fréquentée par les poids lourds et les automobilistes. Nous nous sentons bien vulnérables, pauvres minuscules cyclistes que nous sommes au milieu de cette circulation infernale. Exténués par la fatigue et par le stress, nous avons pris sans aucune hésitation le premier hôtel venu, le très chic Hôtel Continental situé à Gura Văii, à proximité de ce barrage où les Portes de fer prennent fin.

Le 22 juillet, vu la rareté des hôtels, ne parlons pas des campings quasi-inexistants, nous avons dû prendre encore un raccourci pour aller jusqu'à Calafat où selon notre guide et nos cartes il y avait des hôtels. Après m'être payé la quatrième gamelle du voyage en traversant une voie ferrée quasi-parallèle à la route (on ne sait même pas à quoi elle sert!), nous avons traversé Drobeta-Turnu-Severin puis nous nous sommes engagés sur une route à moyenne circulation, fraichement refaite pour arriver à Calafat à plus de 110 km de notre point de départ. Bel hôtel un peu désuet, le Panoramic.

Le 23 juillet, depuis Calafat nous avons roulé plus de 85 km pour arriver à un camping en traversant des villages successifs dont un certain nombre d'entre eux s'étirent parfois sur les deux côtés de la route (55A) sur plusieurs km. Visiblement cette route n'est pas très fréquentée par les cyclistes de l'EV6, car les villageois sont très étonnés de nous voir traverser leurs localités. Les sentiments sont divers et variés, des cris, des hurlements, des coups klaxons lassants, voire fatigants, les enfants nous accompagnent sur leurs vélos très déglingués sans freins, les voitures ralentissent pour mieux scruter vos engins, ils nous parlent en roumain, ils nous demandent en anglais d'où nous venons : « where are you from ? » et ce tout au long du parcours qui traverse les localités regroupées (rares) ou étirées. Nous sommes très déçus du camping que nous avons pris en fin de journée à proximité de Zăval où nous avons pris des baraques car la météo annonçait de la pluie. On nous avait prévenus, ce n'est pas une étape recommandable : il est cher, l'état des sanitaires est innommable, les rares plats et boissons proposés coûtent plus cher que ceux que nous avons consommés dans les hôtels chics de Roumanie. Mais c'est une étape obligée si l'on veut pas faire plus de 160 km dans la journée et probablement le patron du camping en est bien conscient !

Avant notre deuxième pause hebdomadaire, nous sommes partis tôt dans la matinée de ce camping à oublier rapidement en roulant sur une route pratiquement plate (230 mètres de dénivelé positif seulement) pour arriver, aux alentours de 16h30, à Turnu Măgurele. Nous avons finalement commencé à nous habituer à ces nombreuses localités qui s'étirent tout au long de la route avec la même population profondément rurale où nous croisons d'innombrables charrettes et carrioles (immatriculées!) et des piétons qui nous saluent, éberlués à notre vue, étonnés de voir de drôles de cyclistes traverser leurs « comunas ». A Turnu, ville relativement importante, vous n'avez pas le choix en matière d'hébergement : il n'existe qu'un seul hôtel nommé « Turris », derrière la Cathédrale orthodoxe, un peu cher mais accueillant, très confortable et équipé du réseau Internet ! Vous l'avez bien compris, nous sommes aujourd'hui en mode veille, ce qui tombe à point nommé, car il a plus toute la matinée, et que la météo annonce le retour du soleil avec des passages nuageux pour les jours à venir  !

Nota bene :
Ne vous inquiétez pas des nombreuses « gamelles » de Servet. Elles se produisent généralement quasiment à l'arrêt et leurs conséquences ne vont guère au-delà de quelques bleus et égratignures qui disparaissent assez vite.

Distance parcourue : 616 km ;
Altitude positive : 2382 mètres
Temps réel parcouru : environ 38 heures, soit plus de 16 km/h avec nos « bardas »

1 commentaire:

Hilbert à vélos a dit…

Hello,
c'est un peu déroutant de vous suivre par internet. Nous sommes finalement rentrés tous ensemble en train. Nous avons dormis à Vienne dans un Hostel et avons pensé à Christine. Hugo va bien, mais doit continuer à faire attention. Nous partirons peut-être en août vers Amsterdam, le long du Rhin.
Merci de nous ouvrir la route, on prend des notes pour l'année prochaine.
On pense à vous, bonne route.
Fred