dimanche 31 juillet 2011

De Turnu Magurele à Constanţa


Ça y est, nous sommes à Constanţa, voici le récit de notre dernière semaine :

Le lendemain de notre jour de pause (26 juillet), au petit matin, nous nous sommes réveillés avec le vacarme d'un orage assez violent. Juste après le petit déjeuner, il a disparu en laissant le ciel à moitié couvert mais pas menaçant. Sur plus de 20 km, la route était boueuse en particulier dans les villages, rendant la chaussée difficilement praticable pour nos vélos couchés toujours aussi chargés. Je rassure les lectrices et lecteurs, je ne me suis pas tombé ! Dans ces villages, les habitants essayaient de nettoyer leurs portions avec les moyens du bord, c'est-à-dire rudimentaires.
Le matin, les enfants n'étant pas encore levés, la traversée de ces localités interminables se déroule de la même manière : adultes intrigués et surpris nous applaudissent, nous interpellent bruyamment ; automobilistes et camionneurs amusés klaxonnent parfois avec insistance, ralentissent pour mieux scruter nos vélos. Beaucoup de chiens nous courent après en aboyant ou contraire s'enfuient.
Lorsque les enfants apparaissent au bord de la route, les choses deviennent à la fois plus sympathiques et aussi plus compliquées. Sympathiques car, très vivants et joyeux, ils nous saluent en anglais, en portugais (effets des séries télévisées brésiliennes ?), en espagnol, en roumain évidemment, rarement en français et encore en d'autres langues dont nous n'avons pas pu identifier les origines. Cela devient plus compliqué et dangereux lorsqu'ils s'alignent sur le bord de la route pour nous taper dans la main, risquant de nous déséquilibrer.
Après plus de 120 km parcourus sur une route un plus fréquentée que les jours précédents, nous avons trouvé un motel convenable à Giurgiu.

Toujours pour des raisons de logement, l'étape du mercredi 27 a été au contraire assez courte (75 km). Giurgiu se situe sur l'axe Sophia-Budapest reliant les deux capitales en passant par l'unique pont existant sur le Danube entre la Bulgarie et la Roumanie. Les conséquences sont inévitables : la circulation en tout genre y est dense : la sortie de la ville a été difficile et angoissante sur une route à forte circulation pendant 15 km, route à quatre voies et, qui plus est, dépourvue de piste cyclable et de bande d'arrêt d'urgence. Par la suite, la route est devenue plus calme, traversant une suite ininterrompue de localités. En début de l'après midi, en arrivant à Oltenita, nous avons reçu un très bon accueil à la pension Azaro où nous sommes restés, sinon il aurait fallu faire encore plus de 80 km pour trouver un logement. Inutile de chercher des campings qui n’existent pas, même quand ils sont signalés sur les cartes ou dans les guides !

L'étape du jeudi 28 nous rapprochait de plus en plus de notre destination finale. Nous avons visé la ville de Silistra en Bulgarie. Nous y sommes arrivés en début de l'après-midi sans encombre en traversant notamment le Danube par un bac que nous avions déjà pris avec Maryvonne il y a 19 ans ! Les douaniers et la police des frontières nous ont conseillé l'hotel le plus chic de ville (5 étoiles) ! Nous avons passé la nuit dans un autre hôtel, très récent et impeccable pour un prix moitié moins élevé que ceux pratiqués en Roumanie. L'arrivée dans l'après-midi nous a permis de visiter la ville, de retourner voir le Danube et de déguster la cuisine bulgare qui ressemble beaucoup à celle des serbes. Le seul problème que nous avons rencontré a été la difficulté de consommer sur place sans monnaie locale (leva).

Vendredi matin nous avons quitté Silistra, retraversé la frontière, les mêmes douaniers nous ont demandé si nous étions contents de notre très court séjour dans leur pays. Nous avons tout suite attaqué une petite pente pavée, sur la rive droite du Fleuve. D'après les guides, cette partie de l'itinéraire est un des plus accidentés de l'EV6. Étant donné que nous avions encore près de 140 km à faire et vu les difficultés du terrain, nous avons visé la ville de Ion Corvin, à 60 km de notre départ, où, d'après un cycliste américain que nous avions croisé à la pension Azaro d'Oltenita, il y avait une pension correcte. Exténués par quelques côtes à plus de 11 % sur des pentes pavées, nous y sommes arrivés en début d'après-midi sous une chaleur accablante. Nous avons trouvé les prix pratiqués chers au vu des services proposés par cette pension. Nous avons malgré tout décidé de rester sur place tant en raison de la distance à parcourir jusqu'à Constanta, des difficultés annoncées et surtout à cause d'un ciel menaçant qui a bientôt commencé à déverser une bonne quantité d'eau. Durant cette avant-dernière étape, il nous est arrivé un incident qui aurait pu avoir des conséquences dramatiques. En traversant la localité de Negureni qui se trouve sur une descente assez rapide près de Ion Corvin (Yves était déjà devant, Maryvonne me suivait de près et Roselyne une centaine de mètres plus haut), on avait l'impression de loin que deux adolescents, torse nu, se chamaillaient. Nous nous sommes tout de suite rendus compte que c'était une vraie bagarre très violente entre deux jeunes. Au moment où je suis arrivé à leur niveau, le jeune homme qui était le plus touché (corps ensanglanté) a laissé tomber son adversaire et il a marché sur moi. J'ai appuyé sur les pédales de toutes mes forces, réussissant à m'échapper, et je me suis arrêté une dizaine de mètres plus loin pour descendre de mon vélo. C'est là que je me suis rendu compte que cet énergumène avait arraché mon fanion et il s'en servait pour attaquer Roselyne à qui j'ai crié de foncer, ce qu'elle a fait, s'en sortant sans une égratignure ! Maryvonne en me doublant m'a calmé et m'a conseillé de ne pas aller rechercher mon fanion. Et tous les trois nous avons pédalé très fort (heureusement que c'était une descente) avant de nous arrêter un km plus loin pour nous remettre de nos émotions. Quelques minutes plus tard, une voiture s'est arrêtée à notre niveau et un autochtone en est descendu pour me remettre mon fanion, tâchant de nous expliquer qu'il était désolé de ce qui s'était passé et s'excusant pour le déséquilibré responsable de l'incident, « he's crazy » disait-il faisant le geste adéquat. Après tout, ce n'est qu'un épi-phénomène. Cela aurait pu se produire n'importe où ailleurs.

Le samedi 30 juillet : c'est le dernier jour de notre périple de l'EV6 ! Nous avons quitté la pension assez tôt (6h30) pour affronter les nombreuses côtes annoncées par nos documents en profitant de la fraicheur matinale. Est-ce parce que c'était la fin du voyage ou parce que nos muscles étaient bien endurcis, en tout cas, cette étape ne nous a pas paru difficile et nous sommes arrivés à Constanţa au début de l'après-midi. Nous étions heureux et satisfaits de notre voyage et de notre « exploit ».

Nous allons sélectionner ensemble les photos de la dernière étape et les publier dans les jours à venir. Avec le recul nécessaire pour objectiver, nous allons créer aussi un chapitre sur les points pratiques, sur nos coups de cœur et nos coups de « gueule ».

A très bientôt,
Servet et Roselyne

Bilan de la semaine
Distance parcourue : 416 km ;
Ascension totale : 1937 mètres
Temps réel parcouru : environs 24h40, soit plus de 16,3 km/ toujours avec nos avec nos « bardas »

2 commentaires:

alaibea a dit…

Félicitions du jury lasbleis

Bonjour Vous voilà au terme de votre périple. Nous avons été surpris de devoir "tourner" les pages de notre atlas européen aussi vite ! Nous ne sommes pas sur le bord de la route pour vous taper sur la main et crier nos encouragements, mais nous aussi vous disons BRAVO LES CHAMPIONS ! (et pour Servet BRAVO ŞAMPİYONLARI !) A bientôt Béatrice et Alain

paulo a dit…

Coucou les ertul et Maryvonne
On vient de rentrer de st gervais et on reprend de vos nouvelles sur le blog. où en etes vous ? en turquie j'imagine;;; on a cherché le chalet nantais dans nos rados sans succes !a bientot Paulo