jeudi 12 août 2010

Épilogue


Ankara, le 12 août 2010
Voici la fin de la saison n°1, nous avons décidé de remettre la suite de notre voyage sur les chemins de l'Euro Vélo 6 à l'été prochain, et peut-être d'aller, avec nos amis Hilbert, jusqu'à mon village natal (Çömlekçi, près de Bodrum) en Turquie en suivant la côte égéenne voire au-delà vers la côte ouest méditerranéenne (Saison 2 !).
Plusieurs raisons nous ont poussés à prendre, quoique à regret, cette décision puisque l'objectif était de rouler jusqu'au 20 ou 25 août et de trouver un moyen de locomotion pour le retour.
Certes, les conditions climatiques de ces trois dernières semaines n'ont pas été très bonnes, elles ont même parfois été épouvantables, mais elles n'ont pas été déterminantes dans notre décision.
En réalité, pour des raisons diverses, nous n'avions pas eu le temps, avant notre départ, de nous préoccuper des modalités du retour. On se disait : « une fois sur place, on improvisera ». Mais les témoignages de plusieurs voyageurs sur les moyens de transport, en particulier en Roumanie, nous ont fait reconsidérer nos plans car si les vélos n'étaient pas acceptés dans les trains roumains, nos trikes et remorque le seraient encore moins !
Par ailleurs, il nous restait encore à traverser la moitié de la Hongrie, la Croatie, la Serbie et la Roumanie, une bagatelle en deux semaines!
Enfin, nous avons pu mesurer les limites de nos trikes pour ce type de voyage car, même dans les pays les mieux aménagés, nous avons parfois « ramé » sur les pistes stabilisées, surtout quand elles étaient gorgées d'eau et pentues, dans les ornières interminables, les pistes très étroites envahies par des orties et autres végétaux, ou les pistes herbeuses. Sans surprise, les expériences de ceux et celles qui avaient fait l'EV6 en sens inverse ne nous incitaient pas non plus à arpenter les pistes roumaines du Danube en trike.
En un mois exactement, nous avons parcouru 2400 km et réalisé plus de 10000 m de dénivelée positive et un peu plus de négative. Nous avons pédalé entre 5 et 8 heures par jour mais nous sommes étonnamment « frais comme des gardons » ! Sur le plan physique, le trike est idéal pour pédaler toute la journée mais sur des pistes bien aménagées et asphaltées ! Nous avons admis la nécessité de repartir l'année prochaine avec des vélos de randonnée à deux roues cette fois, mais toujours des vélos couchés, incomparablement plus confortables et agréables que les vélos classiques.
Nous avons quitté Budapest la magnifique sur un vol Turkish Airlines à destination de la Turquie pour une semaine de vacances, somme toute bien méritées! La compagnie a accepté le transport de nos vélos sans problème: une fois démontés et emballés dans du film plastique, on aurait dit deux momies égyptiennes! Nous jetons un dernier regard vers le Danube à travers le hublot. Nostalgie.
Vous pouvez toujours suivre notre blog où nous allons donner modestement quelques conseils aux futurs voyageurs à vélo et aussi afficher un album de photos sur le voyage.
Servet et Roselyne

dimanche 8 août 2010

Vingt septième étape : Esztergom - Budapest


Le 7 août 2010
Distance : 78 km
Distance cumulée : 2382 km
Départ 10h45 et arrivée à 20h50
Dénivelée positive approximative : 310 m.
En fin de matinée le temps était couvert mais au moment du déjeuner dans un restaurant sur la rive droite du fleuve, le soleil montra son nez timidement. Nous avons roulé tranquillement sur une route partagée avec les automobilistes mais très fréquentée.
L'approche de Budapest fut difficile sur des pistes de mauvaise qualité, malgré quelques tronçons meilleurs . Nous étions obligés de traverser les ornières remplies d'eau boueuse en mouillant parfois nos postérieurs, il m'est même arrivé de me renverser avec mon trike si stable et de tomber dans la boue ! Au fait, nous avons roulé toute la journée avec la fille de Cholet, Christine de son prénom
Les Hilbert avaient des amis qui se trouvaient dans un camping proche du centre ville mais sur les hauteurs de Budapest, un ancien terminus du tramway transformé en camping avec son charme et son espace limité. Nous nous y sommes rendus au grand complet avec Sébastien, un garçon de Montélimar, qui nous a rejoint à l'entrée de la ville.
Le patron de Zugligeti « Niche » Camping, très sympathique et très habile, nous accueille personnellement et nous montre un mouchoir de poche pour planter 4 tentes. On fait avec et on s'y installe tant mal que bien . L'endroit a du charme, le personnel est sympathique, les sanitaires plus que corrects et la cerise sur le gâteau, l'accès au WiFi est gratuit. Le prix, un peu cher, comprend aussi le petit déjeuner (pas aussi riche que ceux des allemands et des autrichiens) à volonté !
Ps : il ne fait toujours pas beau, une pluie fine de type « crachin nantais » tombe depuis le petit matin !!

Vingt sixième étape : Komáron (Hongrie) – Esztergom (Hongrie)


Le 6 août 2010
Distance : 55 km
Distance cumulée : 2304 km
Départ 12h30 et arrivée à 6h30
Dénivelée positive approximative : 130 m.
Parfois on dit qu'on a vécu une journée terrible, sans pareil et le lendemain on tombe sur une autre qui vous fait vraiment regretter la veille.
Après avoir quitté le camp-ing de Komáron en Hongrie nous sommes repassés du côté slovaque car la piste sur ce côté était plus courte et il nous a paru que les slovaques étaient plus souriants que les hongrois. La ville d'en face s'appelle Komárno. En traversant le bourg je repère un restaurant kebap et je discute avec le jeune restaurateur qui a un on oncle hôtelier et restaurateur à Stúrovo (Slovaquie). Il nous conseille d'aller voir et il nous promet qu'il nous fera un prix intéressant. Cela nous convient parfaitement et nous partons de Komárno avec joie en pensant que ce soir nous allons dormir au sec. Le pédalage se déroule par un temps clément mais vers 4h de l'après midi un orage menace. Alors que je roulais en tête de peloton, Fred, juste derrière moi m'interpelle : « tu as un pneu de ta remorque crevé ! ». Nous conseillons aux trois autres d'aller le plus rapidement possible au prochain village et de trouver un abri. A l'image des courses de Formule 1, nous avons, en un temps record, réparé le pneu et sous la pluie de plus en plus forte nous avons rejoint les nôtres sous un abri de bus, en plein campagne. Quelque temps après, les deux jeunes français que nous avions rencontrés à plusieurs reprises sur l'itinéraire, nous ont rejoint. Eux aussi, comme beaucoup de jeunes, partaient au festival de musique de Budapest qui débute mardi 10 août (il y en aura un autre qui se déroulera 21 août du côté de Belgrade auquel les deux jeunes nantais se rendaient). Cette tempête ressemble au déluge que nous avions traversé à Salbris en France et surtout à un autre plus terrible du côté de Scheer en Allemagne. Le pire nous attendait pour la soirée. Profitant d'une accalmie, nous avons rejoint Komárno vers 6h30.
Arrivés à Komárno sous la menace d'un autre orage, notre hôtelier-restaurateur-patissier « turc » non seulement n'a pas baissé les prix, ils les a augmenté ! Nos amis ne voulant pas payer une deuxième nuit d'hôtel, sont partis sous la pluie battante vers le camping de la ville d'en face, Esztergom. Nous avons décidé de les suivre, quoique sans enthousiasme sous un pareil déluge.
En arrivant, impossible de camper, le terrain est inondé avec 30 cm d'eau au sol par endroits. Nous avons rejoint les Hilbert dans un dortoir sur pilotis. La traversée du camping a été épouvantable car nos postérieurs étaient dans l'eau, quoique cela ne changeait plus grand chose, vu l'état dans lequel nous nous trouvions. Les forces de la nature étaient déchainés, on voyait d'autres campeurs, perdus, trempés jusqu'aux os, arriver vers ces baraquements de fortune sur pilotis. La tempête a duré tard dans la nuit.
Ce type d'évènement vous plombe le moral, vous déstabilise. Il parait que le petit Danube a débordé dans la nuit. Le matin, nous nous sommes réveillés dans le calme (comme on dit communément) après la tempête au milieu de nos affaires complétement mouillées. Le taux d'humidité dans le dortoir devait avoisiner les 95 % ! Il va falloir que nous trouvions des habits à peu près secs pour pouvoir continuer notre chemin au moins jusqu'à Budapest et après on verra.
Ps : ils annoncent du beau temps pour les jours à venir !!!

vendredi 6 août 2010

Vingt cinquième étape : Bratislava (Slovaquie) – Komaron (Hongrie)


Le 5 août 2010
Distance : 116 km
Distance cumulée : 2249 km
Départ 10 h et arrivée à 8h30
Dénivelée positive approximative : 190 m.
Malgré les péripéties d'hier soir, la sortie de la banlieue de Bratislava n'a pas été difficile, nous avons trouvé facilement l'EV6. Ensuite nous avons roulé par beau temps sur une piste longeant un canal, rectiligne pendant plus de 40 km, croisant des gens à rollers,des cyclistes du pays et des coureurs de fond. Le paysage changeait peu et cela devenait un peu ennuyeux. Toujours sur la rive slovaque, on est tombé en fin de parcours sur des pistes stabilisées avec de gros gravillons qui nous ralentissaient considérablement. Nous avons alors choisi un autre itinéraire qui nous a fait nous enfoncer vers des exploitations agricoles, par un chemin creux dont les ornières étaient remplies d'eau boueuse et, slalomer dans ce genre de piste n'était pas chose facile, surtout en trike. Nous avons terminé notre périple de la journée sur une route à forte circulation pendant 15 km avant de traverser le Danube pour passer en Hongrie.
Arrivés tard, on est allé au camping du coté Hongrois mais l'accueil par le gardien a été glacial. On se serait davantage cru dans une prison que dans un camping!
Le lendemain matin,nous avons néanmoins bénéficié de l'accès gratuit à la Toile. Il a plu pendant la nuit et toute la matinée. Le départ est prévu sous la pluie vers midi.

Vingt quatrième étape : Klosterneuburg (portes de Vienne) -Bratislava (Slovaquie)


Le 4 août 2010
Distance : 96 km
Distance cumulée : 2133 km
Départ 10h et arrivée à 10h (22h !!!)
Dénivelée positive approximative : 250 m.
Il faut suivre attentivement les panneaux de l'EV6, sinon il est parfois difficile de retrouver son chemin. C'est ce qui nous est arrivé ce matin. En traversant Vienne, nous avons voulu accéder à la piste qui nous mène vers la Slovaquie et nous avons pris les quais sur le Danube. L'absence de cyclistes au long cours, reconnaissables à leurs chargements, leurs vélos et leurs habits, nous ont fait vite nous rendre compte que nous n'étions pas sur le bon chemin.
Hier, la visite de Vienne a été assez rapide. Depuis quatre semaines de pédalage, pour la première fois, nous avons joué les touristes à pied ! La ville elle-même, comme toutes les grandes capitales de l'Europe, s'étale sur un territoire assez large. Nous sommes allés directement au centre historique qui est surprenant car on y trouve un mélange de styles grec, romain et contemporain mais il y a quelque chose qui ne va pas ou qui cloche, surtout en présence des édifices très chargés de l'empire Austro-hongrois. Le centre historique joue beaucoup sur la musique classique en particulier sur Mozart. On est sollicité sans cesse par des démarcheurs en habit d'époque qui proposent un concert, un spectacle, etc... aux nombreux touristes. On rencontre aussi beaucoup d'artistes de rue déguisés en statue ou jouant des morceaux reconnaissables de la musique classique. On a l'impression que le centre, très animé, est quasiment entièrement occupé par des restaurants, buffets, cafés, confiseries...
Depuis plus d'une semaine, avec la famille Hilbert (de Colmar) nous avons le même rythme de voyage, à la fin de chaque journée nous nous retrouvons dans les mêmes campings. Nous avons décidé de faire le voyage jusqu'à Budapest ensemble et avec un projet de voyage pour l'année prochaine ! L'après midi nous avons roulé jusqu'à Bratislava. Et devinez qui nous a rejoint de nulle part et qui vient de nulle part ? La fille de Cholet ! On lui a demandé cette fois-ci son nom. Elle s'appelle Christine. Nous avons à peine entamé la discussion, voilà qu'elle est repartie et a disparu à l'horizon ! Elle nous a dit en partant « on va certainement se rencontrer dans les prochains jours ».
Notre passage de Bratislava restera, à coup sûr, mémorable. Arrivés en ville, forcément, par la rive sud du Danube, nous n'avons vu nulle part de panneaux d'indication pour un camping, ni pour un hôtel ou pension. Nous avons interrogé les autochtones, un slovaque nous a envoyés vers le centre ville, ensuite un autre carrément vers le nord de la ville, ensuite un autre nous a dit que le camping était à 10 km à la sortie de la ville ! Nous avons donc cherché des hôtels. Avec nos drôles de vélos, chargés comme des mules, nous sommes tombés sur l'hôtel Sheraton près du Danube, flambant neuf, dans un quartier lui aussi récent, à côté d'une place « trop » moderne (marbres, granits, escaliers, jets d'eau, statues...) et nous y avons assuré le spectacle.
Le temps passait, le soleil déclinait rapidement et nous n'avions toujours pas d'hôtel ni de camping, alors nous avons repris l'EV6. Voyant notre désespoir, un jeune slovaque nous dit qu'il y aura, à coup sur un hôtel dans la banlieue à côté ! Nous tombons sur un parcours d'équitation très animé. Nous interrogeons les gens pour savoir si on peut faire du camping sauvage ou trouver un endroit pour passer la nuit. On nous envoie vers une cité universitaire. On trouve sa porte d'entrée difficilement, il commence à faire nuit. Anne-Marie et Fred vont à l'accueil et le monsieur leur demande de venir s'inscrire demain matin à partir de 8 heures mais pas après 14 heures ! Je me déplace personnellement, je sors ma carte professionnelle d'enseignant chercheur et je demande expressément l'hospitalité en tant que membre « éminent » d'une université française. Mais cela n'a aucun effet sur le gardien d'un autre âge, car c'est son chef qui a les clés des chambres !
Un étudiant voyant notre situation désespérée, sert d'interprète en anglais. Mais, rien à faire. Il veut nous aider et entreprend de nous conduire à pied, d'un lieu à un autre (en passant par le centre Don Bosco), à la nuit tombée. Nous le suivons en poussant nos vélos de plus en plus lourds, jusqu'à ce qu'il nous trouve un hôtel trois étoiles (méritées). Il était 22 heures lorsque nous sommes montés dans nos chambres, après avoir mis nos vélos au garage de l'hôtel. Nous avons invité notre jeune étudiant à se joindre à nous pour le diner mais il n'a accepté qu'une boisson. Nous étions tous touchés par la gentillesse et la disponibilité de Juraj (prononcez yuray.). Merci Juraj ! Il est en train de finir sa thèse en économie financière sur les risques en assurance. On a été en fin de compte bien « assurés » avec lui !

mardi 3 août 2010

Vingt troisième étape : Melk – Klosterneuburg (portes de Vienne)


Le 2 août 2010
Distance : 110 km
Distance cumulée : 2037 km
Départ 7h45 et arrivée à 5h15
Dénivelée positive approximative : 320 m.
Il nous restait aujourd'hui encore plus de 120 km pour arriver jusqu'à Vienne. Les prévisions météorologiques n'étant pas pessimistes, nous avons décidé, avec nous amis colmariens, d'aller d'une seule traite jusqu'à la capitale. Il faisait beau voire chaud, nous avions presque perdu l'habitude de rouler sous le soleil.
La journée fut dure, nous avons avancé doucement avec des petites pauses. Les gorges douces ont encore continué pendant plus de 50 km et elles ont petit à petit disparu en faisant place à un horizon masqué par des grands arbres une végétation luxuriante. A certains endroits, le lit du fleuve est plus haut que les terres qui l'entourent. Les aménagements de toutes sortes effectués tout au long du fleuve montrent bien qu'il est bien apprivoisé. De nombreux barrages ont été construits dès que la dénivelée dépasse les 20 à 30 mètres, de même que des digues très larges et pas forcément très hautes. Ces dispositifs donnent au fleuve imposant une progression lente et tranquille vers la Mer Noire. Nous avons suivi la rive droite (côté sud) et sur le bas côté nous avons vu un grand nombre de maisons sur pilotis, bien aménagées, parfois avec piscine et véranda, probablement des résidences secondaires.
Nous avons décidé d'avancer d'une journée notre pause hebdomadaire afin de visiter la ville de Vienne demain. Le camping Donau de Klosterneuburg est bien équipé, très propre,WiFi (payant). Dès notre arrivée, nous sommes attaqués de toutes parts par des moustiques. Après tout, on ne peut pas tout avoir !

Vingt deuxième étape : Au -Melk


1er août 2010
Distance : 80 km
Distance cumulée : 1927 km
Départ 11h10 et arrivée à 5h45
Dénivelée positive approximative : 230 m.
Les conditions idéales espérées par les cyclistes internautes que nous sommes étaient réunies dans ce camping : beau temps, accès Internet, une bonne ambiance, pas trop de moustiques, ambiance joyeuse, tables, bancs, sanitaires impeccables... Nous avons trainé les pieds le matin et nous avons quitté les lieux à 11h passées.
Nous avons roulé pendant longtemps au bord du fleuve qui traversait une longue vallée assez large. Environ 30 km plus loin, le Danube poursuivait son chemin en traversant de nouveau des gorges, moins impressionnantes, plus douces que les précédentes, la distance entre chaque méandre plus longue et mais le paysage était aussi agréable à contempler. On voyait plus d'habitations, plus de champs et d'exploitations agricoles.
Les deux rives du Danube sont bordées d'une piste cyclable, les signalisations sont impeccables et au fur et à mesure que nous avancions le nombre des cyclistes augmentait. On voyait plus de vélos exotiques, plus de nationalités aussi peut-être.
Après avoir bien roulé toute la journée, nous sommes arrivés au camping de Melk, plus modeste et moins bien équipé, nous avons trouvé toute une « colonie cycliste » française à côté, comme il se doit, d'une « colonie hollandaise ». Nous avons discuté aussi avec une famille hollandaise (parents et 3 filles) tous à vélo couché (deux roues) et le monsieur tenait un magasin de vélos couchés et il nous a dit qu'il y avait en Hollande plus de 50 000 pratiquants du vélo couché !